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À Bruxelles, la céramique parle italien | de Barbara Benini

L’histoire de Salvatore Carrelages, une entreprise belge de premier plan dans la distribution de matériaux céramiques, est une histoire familiale qui parle italien, qui raconte l’inventivité, le courage et l’esprit d’initiative de nos compatriotes dans le monde. Le parcours de la famille Fascianella, fondatrice de l’entreprise, commence en Sicile. Nous avons demandé à Fabrizio, l’un des trois enfants de Salvatore (le fondateur) de nous en parler. Il nous a également expliqué l’état actuel du système de distribution et du secteur du bâtiment en Belgique.

 

M. Fascianella, votre histoire, il faut le dire, commence très loin.

« C’est vrai. Mon père avait à peine seize ans lorsqu’il a quitté sa terre natale pour aller tenter sa chance en Belgique. C’était en 1963. Arrivé en Belgique, il se spécialise dans la pose de mosaïques, d’abord en tant que salarié, puis en indépendant. En quelques années, il fonde une famille et crée sa propre petite entreprise de carrelages dans la région de Bruxelles et pendant qu’il pose ses carrelages, ma mère Rosa les vend, de manière très modeste, car la vente a lieu dans le couloir de la maison. Puis en 1989, la première participation à Batibouw marque un tournant : l’entreprise ne parvient plus à satisfaire une demande qui croît très vite. Ainsi, en 1992, l’entreprise s’installe dans une salle d’exposition de plus de 1 000 m² et, plus de dix ans plus tard, un deuxième établissement ouvre à Rhode-Saint-Genèse, dans le Brabant flamand, entre Bruxelles et Waterloo. Et c’est l’actuelle showroom, qui réserve au visiteur de belles surprises : une partie de la salle d’exposition est occupée par des produits typiques siciliens (du vin, de l’huile d’olive, des pâtes…) l’autre grande passion de mon père. Il possède en effet des vignes en Sicile et il importe directement ses spécialités régionales en Belgique, sous la marque Alta Mente Natura. Il souffle ainsi dans la salle d’exposition une petite brise italienne ».

 

 

Quel a été votre dernier chiffre d’affaires ?

« Nous avons clôturé l’année 2020 avec un CA de six millions d’euros ».

 

Combien de salariés avez-vous ?

« Avec les deux salles d’exposition de Bruxelles et de Rhode-Saint-Genèse, nous avons une vingtaine d’employés ».

 

Quelle est la situation du système de distribution en Belgique et quels sont les principaux problèmes auxquels vous devez faire face ?

« Le système de distribution est structuré selon deux axes principaux : il y a les salles d’exposition destinées aux clients particuliers et aux petits entrepreneurs et puis il y a les grossistes qui font la distribution auprès des plus petits revendeurs, comme les marchands de matériaux et les promoteurs immobiliers. Le problème majeur est représenté par la forte concurrence et par la pression sur les prix de vente : les clients finals ne sont pas toujours bien informés et parfois ils nous mettent en concurrence avec des sites de vente sur Internet qui offrent des remises agressives mais qui ne respectent pas le circuit de la distribution ».

 

Quels sont les atouts du système de distribution des matériaux céramiques ?

« Le système de distribution est un secteur fortement structuré avec de vrais professionnels de la céramique qui ont des salles d’exposition dédiées aux carrelages et qui offrent au client final soit la fourniture et la pose, soit uniquement la vente ».

 

 

Quelle est la situation du marché immobilier belge et quelles sont les principales tendances ?

« Le secteur de la construction se porte relativement bien, aussi bien pour la nouvelle construction que pour la rénovation. Un vieux dicton affirme que les Belges sont nés avec une brique dans le ventre : en général, le client belge dédie un budget important pour le carrelage de son habitation ».

 

Compte tenu des tendances du marché immobilier, quelles sont les perspectives de l’industrie céramique et quelles sont vos stratégies de distribution ?

« La céramique est un produit fortement apprécié pour ses caractéristiques techniques : sa facilité d’entretien et sa résistance. Cependant les surfaces à carreler sont plus petites qu’avant en Belgique, car le carrelage est principalement utilisé pour les sols des cuisines, des salles de bains, des entrées et des salles à manger, et de plus en plus pour les surfaces extérieures, comme les terrasses. Suite à l’évolution technique qui permet à la céramique de s’adapter très rapidement à la tendance des goûts et des couleurs du marché, et grâce également à ses qualités techniques, par exemple la résistance (surtout pour les sols des lieux publics), je crois que la céramique a encore un bel avenir devant elle. La stratégie de notre entreprise est de rester toujours à l’avant-garde dans le choix de la qualité des produits qu’elle offre sur le marché, en proposant un vaste assortiment de marques et en ayant une équipe de conseillers à la vente capables de créer des espaces exclusifs ».

 

Quelles sont vos attentes à l’égard du développement de votre secteur de marché, compte tenu de la situation sanitaire actuelle ?

« Mes attentes à l’égard du développement de notre secteur de marché restent positives. Cependant l’augmentation des prix dans tous les différents secteurs de l’immobilier risque de mettre sous pression le budget prévu pour les carrelages, qui sont parmi les derniers produits à arriver sur le chantier ».

 

 

Juillet 2021