Les investisseurs de l’hôtellerie se tournent vers la France | de Barbara Benini

Les investissements ont diminué de 57 %, passant de 2,5 milliards en 2019 à 1,1 milliard en 2020, et les nuitées ont plongé, en 2020, avec une baisse de 58,1 % sur un an. Lus de cette manière, les chiffres de l’immobilier hôtelier français peuvent faire peur. La situation est cependant moins tragique qu’il n’y paraît, si on la compare à celle d’autres pays européens et si l’on prend en considération certaines particularités du marché français. D’ailleurs, le « Bilan et perspectives du marché hôtelier français » récemment publié par le cabinet de conseil en immobilier CBRE, est dédié à cette analyse. Ce qui permet d’envisager l’avenir avec optimisme dès les prochains mois, c’est le fait que le secteur en France résiste mieux que dans la plupart des autres pays européens, où la baisse des investissements est en moyenne de plus de 60 %, avec des pics de presque 90 % au Benelux, et que le marché français (notamment Paris, qui reste l’une des principales destinations touristiques au monde) continue d’être très attractif pour les investisseurs. En fonction de l’évolution de la campagne de vaccination et compte tenu des conséquences socio-économiques, si un retour au niveau prépandémique ne peut être envisageable avant 2024, un retournement de tendance pourrait s’amorcer à très court terme, dès la levée des mesures restrictives.

volumes d'investissements hôteliers France

Si les statistiques montrent que la France est restée l’une des premières destinations touristiques en 2019, le pays n’a pas été épargné par la pandémie qui s’est déclenchée au premier trimestre 2020, et son industrie hôtelière n’a pour l’instant montré aucun signe de reprise rapide.
Le ralentissement de l’activité hôtelière s’accompagne d’une baisse similaire du nombre d’achats et de ventes d’hôtels en France sur la même période. Malgré cela, l’étude CBRE montre qu’il y a eu de nombreuses marques d’intérêt de la part d’investisseurs riches en liquidités et que, dans le même temps, le retrait de certains investisseurs étrangers a été particulièrement bénéfique pour les investisseurs français. Même si la région parisienne a enregistré la baisse la plus forte du marché français, elle reste pour autant l’une des destinations les plus prisées des investisseurs hôteliers. Ce phénomène s’explique par deux facteurs : d’une part, des barrières à l’entrée particulièrement élevées liées au prix et à la disponibilité des actifs et, d’autre part, le fait que Paris continue d’être largement considéré comme un investissement moins risqué sur le long terme.

En 2019, la France a enregistré un nombre record de 215 millions de nuitées. Cette croissance exponentielle, qui a commencé en 2016 après les attaques terroristes, illustre la résilience et la capacité de retour rapide du marché français. Entre 2016 et 2019, la croissance du secteur touristique français a été de 8,5 %. Mais en 2020, les nuitées ont plongé à 90 millions, soit une baisse de 58,1 % sur un an. La baisse des visiteurs internationaux a eu un impact particulièrement fort à Paris et sur la Côte d’Azur, traditionnellement très dépendants de la clientèle étrangère.

L’année 2020 a donc représenté un point de retournement pour le marché français après plusieurs années de croissance continue. La Covid-19 est à l’origine de la plus forte contraction de l’industrie hôtelière dans l’histoire récente. Au cours de l’année, le taux d’occupation moyen des chambres d’hôtel en France a chuté à 32,5 %, soit une baisse de 36,6 % par rapport à l’année précédente.
Le secteur haut de gamme reste le plus touché, en raison de sa dépendance de la clientèle internationale, tandis que le segment économique et moyen de gamme, bien qu’également touché par la crise, a enregistré de meilleures performances grâce à sa clientèle nationale et à sa répartition géographique sur l’ensemble du territoire.
L’hôtellerie balnéaire a quant à elle réussi à limiter la baisse grâce au report de la clientèle française, tandis que les destinations de montagne ont été fortement pénalisées par la décision du gouvernement de maintenir les installations de ski fermées.
Quant à Paris, si ses performances hôtelières ont subi une contraction drastique, la ville bénéficie toujours d’une économie très diversifiée et reste l’une des destinations touristiques les plus attractives au monde, comme en témoigne sa forte résistance historique aux ralentissements par rapport à d’autres destinations internationales. La programmation prochaine d’événements sportifs majeurs sur son territoire permet à la capitale française et à sa région d’espérer une sortie de crise plus rapide.

Le marché de l’immobilier hôtelier a connu un écart notable entre les attentes des vendeurs et des acheteurs, ce qui a entraîné une baisse significative du nombre de transactions en 2020. En conséquence, la plupart des propriétaires peu pressés de vendre ont préféré reporter la vente pour ne pas avoir à brader leurs biens. Le resserrement des conditions de crédit, l’augmentation des attentes en matière de rendement et l’attentisme des propriétaires ne sont que quelques-unes des raisons de la baisse des volumes investis. Résultat : l’investissement hôtelier en France est passé d’environ 2,5 milliards en 2019 à 1,1 milliard en 2020, soit une contraction de 57 %. Toutefois, en 2021, le marché de l’investissement en France devrait bénéficier des mesures gouvernementales, qui devraient aider à lancer un processus de restructuration du secteur avant de s’engager dans une tendance à la hausse du marché.
Avant la crise, les taux de rendements se situaient à un niveau record, notamment à Paris. Naturellement, les rendements observés en 2019 ont en moyenne augmenté en 2020 pour tous les actifs. Selon CBRE, la forte attractivité du marché français, couplée à sa résilience reconnue, continuera à stimuler l’intérêt des investisseurs dans les mois à venir. En effet, les transactions réalisées actuellement prouvent que la France reste en tête des intentions d’investissement. Les investisseurs rechercheront des opportunités à valeur ajoutée, profitant de rendements plus élevés.

 

(pour télécharger le rapport complet, cliquez sur l’image ci-dessous)

Bilan et perspectives du marche hotelier francais

Juillet 2021