La céramique répond aux différentes contraintes | de Livio Salvadori

Pour faire un choix correct et conscient des carreaux de céramique, il faut d’abord faire une analyse minutieuse du contexte où ils seront posés et des conditions d’utilisation auxquelles ils seront soumis. Ensuite, il faut sélectionner ceux qui satisfont au mieux aux exigences techniques et esthétiques.

Les conditions d’utilisation sont déterminées par les contraintes auxquelles l’environnement sera soumis et auxquelles le carrelage devra résister dans le temps.

Ces contraintes peuvent être classées en trois groupes : les contraintes mécaniques, qui agissent sur le sol ou sur le mur carrelé, les affectant dans leur ensemble (massives) ou se limitant à la surface (superficielles) ; les contraintes chimiques, dues à des actions agressives produites par toutes sortes de substances chimiques entrées en contact intentionnellement ou occasionnellement avec la surface carrelée et éventuellement avec les couches sous-jacentes ; les contraintes hygrothermiques, liées à l’exposition de la surface carrelée à des conditions particulières de température et d’humidité.

Il est important de souligner que cette classification des contraintes correspond parfaitement aux performances techniques des différents types de céramique, ce qui simplifie le choix de carreaux adaptés à un espace spécifique.

On peut différencier les environnements auxquels les carreaux sont destinés et, par conséquent, les conditions de fonctionnement des surfaces carrelées en fonction du niveau prévisible des différentes catégories de contraintes (qui va de très élevé à très faible). Cette caractérisation peut se faire qualitativement en suivant certains critères de base, tels que : la position – horizontale (sols) ou verticale (murs) – de la surface carrelée ; l’emplacement, intérieur ou extérieur, de la surface carrelée ; la destination et l’intensité de fréquentation du bâtiment ou de l’espace (privé ou public, commercial ou industriel) ; les autres caractéristiques et conditions spéciales du lieu.

Pour un sol céramique, dont la composition et le dimensionnement influent sur sa capacité portante, les contraintes mécaniques sont très importantes, tandis que pour un revêtement mural céramique, ce qui compte, c’est surtout la résistance du matériau qui fixe les carreaux sur la sous-couche.

Dans les applications extérieures, pour les sols et les revêtements de façade, il faudra prendre en compte les contraintes hygrothermiques élevées, et il sera peut-être utile d’en savoir plus sur le climat de la zone d’intervention (agents météoriques, fort ensoleillement, gel, grandes variations de température, contact prolongé avec l’eau, humidité élevée, etc.).

Les environnements intérieurs qui exigent de tenir compte de fortes contraintes hygrothermiques sont, par exemple, les chambres froides, souvent revêtues de carreaux céramiques, et les pièces destinées à des activités incluant une présence appréciable de vapeur et un contact prolongé avec l’eau (piscines, centres de bien-être, salles de bains, laveries, environnements industriels, etc.).

Les lieux publics très fréquentés (salles de réunion, magasins, églises, etc.) avec des chariots et autres moyens de transport (supermarchés, centres commerciaux, zones de transit, gares et aéroports) présentent de très fortes contraintes mécaniques, notamment en surface. Les contraintes chimiques sont également élevées, non seulement pour le risque et la fréquence de contact avec des substances agressives, mais aussi (et surtout) pour les exigences d’un nettoyage rapide et efficace, qui suppose des moyens très énergiques du point de vue chimique et mécanique.

Dans certains environnements (hôpitaux, écoles, cuisines de restaurants et de cantines, etc.) l’hygiène est une exigence prioritaire : même ce besoin d’assainissement minutieux tend à augmenter le niveau de stress chimique.

Enfin, ce cadre doit être intégré à d’autres exigences de sécurité, typiques des endroits très fréquentés : contre les risques de chutes (les sols doivent donc avoir des niveaux appropriés de résistance au glissement), les risques d’incendie et les risques liés à la présence d’électricité statique.

Les environnements industriels, à des degrés différents selon les activités de production exercées, sont généralement caractérisés par des niveaux très élevés de chaque classe de stress.

Dans les logements privés, la différence entre les pièces est très nette selon l’usage qui en est prévu : les niveaux de contraintes mécaniques superficielles sont très faibles dans les sols des chambres et des salles de bains (zone nuit) et beaucoup plus élevés dans les entrées, les couloirs et les escaliers, où le milieu a une grande importance car il est plus fréquenté et, par conséquent, soumis à un stress. Le sol de l’entrée peut varier d’un niveau moyennement bas à un niveau très élevé, selon les conditions d’utilisation et les caractéristiques du logement (appartement en immeuble, villa avec accès direct depuis le jardin, résidence principale, maison de vacances, etc.). Mais pour le sol de la cuisine, les valeurs de contraintes mécaniques superficielles et chimiques sont élevées : on y marche et on y stationne davantage et avec des parcours préférentiels définis (zone cuisson, évier, réfrigérateur). Étant plus exposé aux souillures, le sol devra être nettoyé souvent et énergiquement. Les contraintes chimiques sont également très élevées dans le revêtement mural, en raison du contact avec les aliments ainsi que des effets de la cuisson et des détergents.

Mai 2019